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La seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor eut des songes, son esprit fut agité et le sommeil se retira de lui. Le roi fit appeler les lettrés, les magiciens, les enchanteurs et les Chaldéens pour lui expliquer ses songes ; ils vinrent et ils se tinrent devant le roi. Le roi leur dit : « J’ai fait un songe, et mon esprit est agité, cherchant à connaître ce songe. » Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne* La langue araméenne, ou syriaque (hébr. ’aramith), parlée en Syrie et répandue dans toute l’Asie occidentale, différait de la langue assyro-babylonienne en usage à Babylone. Mais les sages de la cour devaient la connaître, et ils auraient pu, pour une raison que nous ignorons, s’adresser au roi en araméen. Toutefois il n’est guère vraisemblable qu’ils l’aient fait ; et comme c’est précisément après les mots, en langue araméenne, que le récit passe de la langue hébraïque au dialecte araméen (jusqu’à la fin du chap. 7), la plupart des interprètes regardent ces mots comme une note de copiste avertissant le lecteur de ce brusque changement d’idiome. : « O roi, vis éternellement ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en ferons connaître la signification. » Le roi répondit aux Chaldéens, en disant : « C’est chose arrêtée par moi. Si vous ne me faites savoir le songe et sa signification, vous serez coupés en morceaux et vos maisons seront réduites en cloaques. Mais si vous me faîtes connaître le songe et sa signification, vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs ; ainsi faites-moi connaître le songe et sa signification. » Ils répondirent pour la deuxième fois en disant : « Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en ferons connaître la signification. » Le roi répondit et dit : « En vérité, je sais que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous voyez que c’est chose arrêtée par moi. Puisque vous ne me faîtes pas savoir le songe, c’est que vous n’avez qu’une pensée, celle de concerter un discours mensonger et trompeur, pour le tenir devant moi, en attendant que les temps soient changés ; ainsi, dites-moi le songe et je saurai que vous pourrez m’en faire connaître la véritable signification. » 10  Les Chaldéens répondirent devant le roi en disant : « Il n’y a pas d’homme sur la terre qui puisse faire connaître ce que le roi demande. Aussi jamais roi, si grand et si puissant qu’il ait été, n’a demandé pareille chose d’aucun lettré, astrologue ou Chaldéen. 11  La chose que le roi demande est difficile, et il n’y a personne qui puisse la faire connaître devant le roi, hormis les dieux dont la demeure n’est pas parmi les mortels. »
12  Là-dessus le roi se mit en colère et en grande fureur, et il donna l’ordre de mettre à mort tous les sages de Babylone. 13  La sentence ayant été publiée, les sages étaient mis à mort, et on cherchait Daniel et ses compagnons pour les tuer. 14  Alors Daniel fit une réponse prudente et sensée à Arioch, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone. 15  Il prit la parole et dit à Arioch, commandant du roi : « Pourquoi cette sentence sévère de la part du roi ? » Et Arioch exposa la chose à Daniel. 16  Alors Daniel entra dans le palais et pria le roi de lui accorder un délai afin de faire connaître au roi la signification. 17  Aussitôt Daniel alla dans sa maison et informa de l’affaire Ananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, 18  les engageant à implorer la miséricorde du Dieu du ciel sur ce mystère, pour qu’on ne fit pas périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.
19  Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit, et Daniel bénit le Dieu du ciel. 20  Daniel prit la parole et dit : « Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité, car à lui appartiennent la sagesse et la force. 21  C’est lui qui change les moments et les temps, qui renverse les rois et qui élève les rois, qui donne la sagesse aux sages et le savoir aux intelligents. 22  C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, qui sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui. 23  C’est vous, Dieu de mes pères, que je célèbre et que je loue de ce que vous m’avez donné la sagesse et la force, et de ce que maintenant vous m’avez fait savoir ce que nous vous avons demandé, en nous faisant savoir l’affaire du roi. »
24  C’est pourquoi Daniel se rendit auprès d’Arioch, que le roi avait chargé de mettre à mort les sages de Babylone ; il alla et lui parla ainsi : « Ne fais pas périr les sages de Babylone ; introduis-moi devant le roi, et je ferai connaître au roi la signification. » 25  Arioch s’empressa de faire entrer Daniel devant le roi et lui parla ainsi : « J’ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui fera savoir au roi la signification. » 26  Le roi prit la parole et dit à Daniel, qui s’appelait Baltassar : « Es-tu capable de me faire savoir le songe que j’ai eu et sa signification ? » 27  Daniel répondit en présence du roi et dit : « Le secret que le roi demande, ni sages, ni magiciens, ni lettrés, ni astrologues ne sont capables de le faire connaître au roi. 28  Mais il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les secrets et qui a fait savoir au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver à la fin des jours. Ton songe et les visions de ton esprit que tu as eues sur ta couche, les voici :
29  Toi, ô roi, tes pensées s’élevaient en ton esprit sur ta couche au sujet de ce qui arriverait après ce temps-ci, et celui qui révèle les secrets t’a fait connaître ce qui doit arriver. 30  Et moi, ce n’est pas par une sagesse qui serait en moi, supérieure à celle de tous les vivants, que ce secret m’a été révélé, mais c’est afin qu’on en fasse savoir la signification au roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.
31  Toi, ô roi, tu regardais, et voici une grande statue. Cette statue était immense et sa splendeur extraordinaire ; elle se dressait devant toi, et son aspect était terrible. 32  Cette statue avait la tête d’or fin, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, 33  les jambes de fer, les pieds en partie de fer et en partie d’argile. 34  Tu regardais, jusqu’à ce qu’une pierre fut détachée, non par une main Non par une main, sans l’action d’une main d’homme., et frappa la statue à ses pieds de fer et d’argile, et les brisa. 35  Alors furent brisés en même temps le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle qui s’élève de l’aire en été, et le vent les emporta sans qu’on en trouve plus aucune trace ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.
36  Voilà le songe ; sa signification, nous allons la dire devant le roi.
37  Toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du ciel a donné l’empire, la puissance, la force et la gloire, 38  entre les mains de qui il a livré, en quelque lieu qu’ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs, les oiseaux des cieux, et qu’il a fait dominer sur eux tous : c’est toi qui es la tête d’or. La statue tout entière représente la puissance du monde considérée au point de vue de son opposition au royaume de Dieu, et comme une dans les différentes phases de son développement historique. La tête d’or figure la monarchie babylonienne personnifiée dans Nabuchodonosor, son plus illustre représentant ; c’est aussi la première bête du chap. vii (vers. 4), le lion aux ailes d’aigle. 39  Après toi, il s’élèvera un autre royaume,§ Un autre royaume, l’empire des Mèdes, et des Perses, que l’ours figure au chap, vii (vers. 5). — Un troisième royaume, fondé par Alexandre le Grand, qui ajouta la domination de l’Orient à celle des Grecs ; il a pour emblème, en 7:6, le léopard. — Selon d’autres commentateurs le deuxième royaume serait celui des Mèdes, le troisième celui des Perses. moindre que toi, puis un troisième royaume d’airain, qui dominera sur toute la terre. 40  Un quatrième royaume* Un quatrième royaume ; selon beaucoup de commentateurs, l’empire romain. Les jambes de fer qui lui sont attribuées vers. 33, se rapportent sans doute à la première période de son histoire, période de force irrésistible ; dans la seconde période, celle du fer uni à l’argile, à la force se joindra la faiblesse. Selon d’autres (Dom Calmet, etc.), il s’agirait des royaumes d’Égypte et de Syrie qui, par des mariages (semence d’hommes, vers. 43), essayèrent de s’allier et de devenir forts. Ceux qui identifient le troisième royaume avec les Perses disent que, dans la quatrième image, l’empire d’Alexandre est successivement considéré dans son unité et dans sa division. sera fort comme le fer ; de même que le fer écrase et brise tout, et comme le fer qui met en pièces, il écrasera et mettra en pièces tous ceux-là. 41  Si tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, c’est que ce sera un royaume divisé ; il y aura en lui de la solidité du fer, selon que tu as vu du fer mêlé à l’argile. 42  Mais comme les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort, et il sera en partie fragile. 43  Si tu as vu le fer mêlé à l’argile, c’est qu’ils seront mêlés de semence d’homme ; mais ils ne tiendront pas l’un à l’autre, de même que le fer ne peut s’allier avec l’argile. 44  Dans le temps de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la domination ne sera pas abandonnée à un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera à jamais, 45  selon que tu as vu qu’une pierre a été détachée de la montagne Une pierre détachée, emblème du Messie, descendu du ciel. — À brisé le 1er etc., la puissance du monde en tant qu’opposée à Dieu, et représentée par les monarchies païennes., non par une main, et qu’elle a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or.
Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui arrivera dans la suite ; le songe est véritable et sa signification certaine. »
46  Alors le roi Nabuchodonosor tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu’on lui offrit des oblations et des parfums. 47  Le roi parla ensuite à Daniel et dit : « Vraiment votre Dieu est le Dieu des dieux, le seigneur des rois et le révélateur des secrets, puisque tu as pu révéler ce secret. » 48  Alors le roi éleva Daniel et lui fit de nombreux et riches présents ; il l’établit gouverneur sur toute la province de Babylone et chef suprême sur tous les sages de Babylone. 49  A la prière de Daniel, le roi commit aux affaires de la province de Babylone Sidrac, Misac et Abdénago ; et Daniel demeura à la cour Et Daniel demeura à la cour ; m. à m., et Daniel demeura à la porte du roi..

*2,4 La langue araméenne, ou syriaque (hébr. ’aramith), parlée en Syrie et répandue dans toute l’Asie occidentale, différait de la langue assyro-babylonienne en usage à Babylone. Mais les sages de la cour devaient la connaître, et ils auraient pu, pour une raison que nous ignorons, s’adresser au roi en araméen. Toutefois il n’est guère vraisemblable qu’ils l’aient fait ; et comme c’est précisément après les mots, en langue araméenne, que le récit passe de la langue hébraïque au dialecte araméen (jusqu’à la fin du chap. 7), la plupart des interprètes regardent ces mots comme une note de copiste avertissant le lecteur de ce brusque changement d’idiome.

2,34 Non par une main, sans l’action d’une main d’homme.

2,38 La statue tout entière représente la puissance du monde considérée au point de vue de son opposition au royaume de Dieu, et comme une dans les différentes phases de son développement historique. La tête d’or figure la monarchie babylonienne personnifiée dans Nabuchodonosor, son plus illustre représentant ; c’est aussi la première bête du chap. vii (vers. 4), le lion aux ailes d’aigle.

§2,39 Un autre royaume, l’empire des Mèdes, et des Perses, que l’ours figure au chap, vii (vers. 5). — Un troisième royaume, fondé par Alexandre le Grand, qui ajouta la domination de l’Orient à celle des Grecs ; il a pour emblème, en 7:6, le léopard. — Selon d’autres commentateurs le deuxième royaume serait celui des Mèdes, le troisième celui des Perses.

*2,40 Un quatrième royaume ; selon beaucoup de commentateurs, l’empire romain. Les jambes de fer qui lui sont attribuées vers. 33, se rapportent sans doute à la première période de son histoire, période de force irrésistible ; dans la seconde période, celle du fer uni à l’argile, à la force se joindra la faiblesse. Selon d’autres (Dom Calmet, etc.), il s’agirait des royaumes d’Égypte et de Syrie qui, par des mariages (semence d’hommes, vers. 43), essayèrent de s’allier et de devenir forts. Ceux qui identifient le troisième royaume avec les Perses disent que, dans la quatrième image, l’empire d’Alexandre est successivement considéré dans son unité et dans sa division.

2,45 Une pierre détachée, emblème du Messie, descendu du ciel. — À brisé le 1er etc., la puissance du monde en tant qu’opposée à Dieu, et représentée par les monarchies païennes.

2,49 Et Daniel demeura à la cour ; m. à m., et Daniel demeura à la porte du roi.