*13,1 XIII, 1. Puis je vis : cette formule distingue les sept différents signes. S. Jean ne l’a pas employée pour signaler l’apparition du dragon, bien qu’il l’appelle un autre signe xii, 3), parce que les deux personnages de la première vision ne forment, en réalité, qu’un seul tableau symbolique. — Les quatre bêtes de Daniel représentant chacune un empire (vii, 17, 23), celle de l’Apocalypse, qui réunit en elle les traits de toutes les autres (v, 2), doit nécessairement représenter l’ensemble de ces empires et être le symbole de la puissance politique, de la force matérielle des États, mise au service du dragon, pour opprimer les serviteurs de Dieu.Elle monte de la mer, comme les 4 bêtes de Daniel (vii, 1) parce que les empires surgissent ordinairement des guerres et des troubles qui agitent les peuples.
†13,2 2. Léopard, ours, lion : ce sont les trois premières bêtes de la vision de Daniel (vii, 4-7). La bête de l’Apocalypse rappelle la quatrième, par ses dix cornes sur la septième tête, tout en réunissant les traits des trois autres, savoir, du lion de Babylone, de l’ours des Médo-Perses, du léopard de Macédoine.
‡13,8 8. L’adoreront ; Vulgate, l’adorèrent : parfait prophétique. — Dès la fondation du monde : ces mots, comme le montre un passage semblable (xvii, 8) doivent se rapporter, non à l’immolation de l’Agneau, mais à l’inscription dans le livre de vie. Voy. iii, 5 et comp. Eph. i, 4 sv. Dans la Vulgate, la position de la virgule serait à modifier.
§13,11 11. De la terre : la première bête sortait de la mer, c.‑à-d. de l’agitation et du bouleversement des peuples ; celle-ci monte de la terre, élément plus calme : elle naît dans un état social tranquille, au sein de la civilisation. — Une autre bête : tous les traits qui suivent en font le symbole de la fausse science, de la sagesse de ce monde au service de l’impiété. Aussi est-elle désignée plus loin comme « le faux-prophète » (xvi, 13 ; xix, 20 ; xx, 10).
*13,18 18. La sagesse : Pour échapper aux séductions de la science impie, et aussi pour se prémunir contre l’apostasie, en calculant le nombre de la bête (de la première, celle qui a le pouvoir et se fait adorer), lequel est un nombre d’homme, désignant par conséquent un être faible et mortel en réalité, malgré la puissance presque surhumaine dont il paraît investi. — Ce nombre est 666 : Beaucoup de calculs fantaisistes ont été faits sur ce nombre.La meilleure solution de l’énigme ne serait-elle pas de considérer le nombre 666, non plus comme la somme des valeurs numériques des lettres d’un nom propre, mais comme un nombre symbolique exprimant par lui-même, à la manière d’un nom, la nature de l’Antéchrist.Le nombre 7, est un nombre religieux, le nombre de la création sanctifiée par le sabbat divin (Gen. ii, 3). Le nombre 8, d’après une idée commune chez les Pères, est le symbole du grand jour de la béatitude éternelle, octave glorieuse, succédant aux sept jours du Dieu créateur et sanctificateur, pour achever la grande semaine divine (S. Aug. serm. 259 in oct. Pasch.) ; c’est donc le nombre de la création restaurée et glorifiée par le Christ.Le nombre 6 restant en dessous de 7, ne serait-il pas le nombre de la création sans sabbat, de l’homme sans religion, sans Dieu ? Ainsi l’ont pensé, entre autres, le V. Bède et le B. Albert-le-Grand.