ÉPÎTRE
AUX HÉBREUX
INTRODUCTION À L’ÉPÎTRE AUX HÉBREUX
(Ga 4:9. Jn 19:30. Col 2:10, 17.)
L’auteur de l’Épître aux Hébreux n’est pas connu. Il existe une tradition ancienne qui l’attribue à l’apôtre Paul. Mais son style oratoire est profondément différent de celui de Paul. Il serait donc mieux de considérer l’épître comme elle se présente. La mention «Ceux d’Italie vous saluent» (13:24) laisse supposer que l’épître a été écrite d’Italie, probablement de Rome, ce qui fait penser à l’apôtre. Voici d’ailleurs la structure de cette épître:
1. Le Fils par lequel Dieu s’est révélé pour sauver le monde est supérieur aux anges 1:1–2:18
2. Jésus est supérieur à Moïse; ne pas imiter l’incrédulité des anciens Israélites 3:1–4:13
3. Jésus, souverain sacrificateur au sacerdoce semblable à celui de Melchisédek et au sacrifice parfait 4:14–10:39
4. La foi: définition et exemples tirés de l’Ancien Testament 11:1-40
5. Persévérance et sanctification dans la foi 12:1–13:17
6. Vœux et salutations finales 13:18-25
L’Épître aux Hébreux n’a ni introduction, ni conclusion selon les formules épistolaires bien connues, munies d’indications sur l’expéditeur et les destinataires (voir Rom 1:1-7; 1 Cor 1:1-3; Gal 1:1-5; Éph 1:1-2 par exemple). Cette lacune pose la question de la place de cet écrit parmi les épîtres. Malgré ce défaut, son caractère pastoral et les instructions théologiques et christologiques alternant avec des exhortations éthiques et ecclésiastiques, lui confèrent bien les marques d’une épître.
Le terme «Hébreux» qui apparaît dans le titre permet d’identifier les destinataires sans être d’une clarté absolue. La critique interne du livre permet de le préciser. En lisant le texte, on comprend, sans que cela soit clairement écrit, qu’il s’adresse à des chrétiens d’origine juive, qui correspondent logiquement à ce titre. C’est à cette catégorie de chrétiens que l’auteur applique la quasi-totalité de son message, qui se résume ainsi: Jésus-Christ accomplit, comme le souverain sacrificateur par excellence, tout l’ordre sacrificiel et cultuel de l’Ancien Testament.
Le message de l’Épître aux Hébreux porte donc sur l’œuvre sacrificielle du Christ. Jésus est le souverain sacrificateur qui dépasse tous ceux de l’ancienne Alliance qui l’on précédé: «Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses sans commettre de péché» (voir 4:14-15).
Pour étayer le message central de l’épître, l’auteur distingue le monde impérissable et éternel des réalités célestes du monde des réalités sensibles que nous connaissons. C’est dans le monde céleste que Christ accomplit le ministère de souverain sacrificateur. Les éléments cultuels du temple du temps de Jésus furent des images du véritable culte et du sacrifice parfait.
On a longtemps hésité à admettre l’Épître aux Hébreux parmi les livres canoniques parce que le style littéraire et la pensée qui s’y incarnent ne sont pas de l’apôtre Paul à qui elle est attribuée. Les conjectures, en somme infructueuses, au sujet de l’auteur de cette œuvre ont fait dire à Origène que Dieu seul savait qui en était l’auteur. Les caractéristiques qui en émanent permettent de le décrire comme un chrétien cultivé, d’un esprit vif, maîtrisant la langue grecque et capable de pratiquer l’exégèse juive de type paulinienne. Quant aux destinataires, il s’agit de Juifs devenus chrétiens.
1
Le Fils, par lequel Dieu s’est révélé, est supérieur aux anges. Son abaissement volontaire a eu pour but le salut des hommes
V. 1-4: cf. (Jn 1:1-3, 14. Col 1:15-17.) Hé 10:12-14. Ph 2:6-11.
1 Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes,
2 Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde,
3 et qui, étant le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts,
4 devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.
V. 5-14: cf. És 9:5. Ps 2:6-12; 45:7, 8; 110:1; 102:25-28; 103:20, 21.
5 Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit:
Tu es mon Fils,
Je t’ai engendré aujourd’hui?
Et encore:
Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils?
6 Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit:
Que tous les anges de Dieu l’adorent!
7 De plus, il dit des anges:
Celui qui fait de ses anges des vents,
Et de ses serviteurs une flamme de feu.
8 Mais il a dit au Fils:
Ton trône, ô Dieu, est éternel;
Le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité;
9 Tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité;
c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint
d’une huile de joie au-dessus de tes égaux.
10 Et encore:
Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre,
Et les cieux sont l’ouvrage de tes mains;
11 Ils périront, mais tu subsistes;
Ils vieilliront tous comme un vêtement,
12 Tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés;
Mais toi, tu restes le même,
Et tes années ne finiront point.
13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit:
Assieds-toi à ma droite,
Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied?
14 Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut?