LE PREMIER LIVRE
DE SAMUEL
INTRODUCTION AU PREMIER LIVRE DE SAMUEL
(Os 13:11.)
Ce premier livre est intitulé du nom du prophète Samuel, dernier juge en Israël. Il assumait aussi une fonction politico-religieuse dans les temps de crise. Personnage hors du commun issu, comme le juge Samson, d’une naissance miraculeuse, Samuel est lui aussi un nazir, mis à part dès la jeunesse, pour le service de Dieu. A l’instar d’Éli, le sacrificateur-juge de Silo, il sera serviteur du Seigneur. Il est en plus voyant ou prophète.
Les chapitres 1 à 7 relatent les faits liés à la vie du peuple d’Israël avant l’instauration de la royauté. Le Dieu libérateur envoyait toujours des juges à son peuple. Le juge Samuel naquit d’une femme stérile comme réponse à sa prière (1:10-23), d’où son nom qui signifie «Dieu a exaucé». Samuel fut prêté ou consacré à l’Éternel dès l’enfance avec louange par ses parents Anne et Elkana (1:24–2:21). Après que Samuel eut servi sous l’autorité du prêtre Éli, châtié avec sa famille (2:22–3:1), Dieu l’établit comme prophète (3:2–4:1), puis, à l’issue d’une victoire sur les Philistins, comme chef d’Israël (7).
Les chapitres 8 à 10 inaugurent la royauté dans l’histoire d’Israël. Le peuple dit à Samuel: «Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent point sur tes traces; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations» (8:5). Israël est informé des droits royaux (8:10-22). Saül est donc choisi et oint roi sur Israël à cet effet (9–10).
Les chapitres 11 à 15 racontent le règne du premier roi d’Israël, Saül. Il remporta la victoire sur les ennemis d’Israël, à savoir les Ammonites et les Philistins. Son rejet de la parole de Dieu le priva de l’onction royale et il apprit à ses dépens la leçon suivante: «Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi» (15:23).
Les chapitres 16 à 30 montrent le déclin progressif de Saül devenu haineux et vengeur à l’égard de son gendre David. David fut oint par Samuel (16), vainqueur de Goliath (18) et ami de Jonathan, fils de Saül. David évita à plusieurs reprises de tuer l’oint de l’Éternel, Saül. Ce dernier succombera au combat avec ses fils après sa vaine poursuite de David (31).
Le livre de Samuel montre comment les projets humains diffèrent des dispositions de Dieu: le brillant Samuel ne sera ni le roi attendu, ni davantage le sacrificateur fidèle qui assurera la succession d’Éli. Mais il reste pour l’histoire celui par qui sont faits les rois.
1 Samuel insiste sur une réalité à savoir: seul Dieu est le vrai roi de son peuple. Il peut déléguer son autorité à qui il veut, pourvu que le roi humain sache se soumettre aux exigences divines. Chaque responsable insoumis à Dieu est démis d’office.
ÉLI ET SAMUEL,
1
LES DEUX DERNIERS JUGES EN ISRAËL
Ch. 1 à 12. (Ps 99:6.)
Éli souverain sacrificateur et juge en Israël
V. 1-8: cf. (De 12:5-18; 16:16, 17.) (Ge 29:30, 31; 30:1, 2.)
Il y avait un homme de Ramathaïm-Tsophim, de la montagne d’Éphraïm, nommé aElkana, fils de Jeroham, fils d’Élihu, fils de Thohu, fils de Tsuph, Éphratien. Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et l’autre Peninna; Peninna avait des enfants, mais Anne n’en avait point. bChaque année, cet homme montait de sa ville à Silo, pour se prosterner devant l’Éternel des armées et pour lui offrir des sacrifices. Là se trouvaient les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées, sacrificateurs de l’Éternel. Le jour où Elkana offrait son sacrifice, il donnait des portions à Peninna, sa femme, et à tous les fils et à toutes les filles qu’il avait d’elle. Mais il donnait à Anne une portion double; car il aimait Anne, que l’Éternel avait rendue stérile. Sa rivale lui prodiguait les mortifications, pour la porter à s’irriter de ce que l’Éternel l’avait rendue stérile. Et toutes les années il en était ainsi. Chaque fois qu’Anne montait à la maison de l’Éternel, Peninna la mortifiait de la même manière. Alors elle pleurait et ne mangeait point. Elkana, son mari, lui disait: Anne, pourquoi pleures-tu, et ne manges-tu pas? Pourquoi ton cœur est-il attristé? cEst-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix fils?
V. 9-19: cf. No 30:4, etc. (Ps 50:15; 120:1, etc. Ja 5:13. Ph 4:6, 7.) Ps 10:14.
Anne se leva, après que l’on eut mangé et bu à Silo. Le sacrificateur Éli était assis sur un siège, près de l’un des poteaux du temple de l’Éternel. 10 Et, l’amertume dans l’âme, elle pria l’Éternel et versa des pleurs. 11 Elle fit un vœu, en disant: Éternel des armées! Si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies point ta servante, et si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le consacrerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie, et dle rasoir ne passera point sur sa tête. 12 Comme elle restait longtemps en prière devant l’Éternel, Éli observa sa bouche. 13 Anne parlait dans son cœur, et ne faisait que remuer les lèvres, mais on n’entendait point sa voix. Éli pensa qu’elle était ivre, 14 et il lui dit: Jusques à quand seras-tu dans l’ivresse? Fais passer ton vin. 15 Anne répondit: Non, mon seigneur, je suis une femme qui souffre en son cœur, et je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante; mais je erépandais mon âme devant l’Éternel. 16 Ne prends pas ta servante pour une femme pervertie, car c’est l’excès de ma douleur et de mon chagrin qui m’a fait parler jusqu’à présent. 17 Éli reprit la parole, et dit: Va en paix, et que le Dieu d’Israël exauce la prière que tu lui as adressée! 18 Elle dit: Que ta servante trouve grâce à tes yeux! Et cette femme s’en alla. Elle mangea, et son visage ne fut plus le même. 19 Ils se levèrent de bon matin, et après s’être prosternés devant l’Éternel, ils s’en retournèrent et revinrent dans leur maison à Rama.
Naissance de Samuel
V. 20-28: cf. (Ge 25:21. Ps 116:1, 2, 12-14.) 1 S 2:18-21.
Elkana connut Anne, sa femme, et l’Éternel se souvint d’elle. 20 Dans le cours de l’année, Anne devint enceinte, et elle enfanta un fils, qu’elle nomma Samuel, car, dit-elle, je l’ai demandé à l’Éternel. 21 Son mari Elkana monta ensuite avec toute sa maison, pour offrir à l’Éternel le sacrifice annuel, et pour accomplir son vœu. 22 Mais Anne ne monta point, et elle dit à son mari: Lorsque l’enfant sera sevré, je le mènerai, afin qu’il soit présenté devant l’Éternel et qu’il reste là pour toujours. 23 Elkana, son mari, lui dit: Fais ce qui te semblera bon, attends de l’avoir sevré. Veuille seulement l’Éternel accomplir sa parole! Et la femme resta et allaita son fils, jusqu’à ce qu’elle le sevrât. 24 fQuand elle l’eut sevré, elle le fit monter avec elle, et prit trois taureaux, un épha de farine, et une outre de vin. Elle le mena dans la maison de l’Éternel à Silo: l’enfant était encore tout jeune. 25 Ils égorgèrent les taureaux, et ils conduisirent l’enfant à Éli. 26 Anne dit: Mon seigneur, pardon! Aussi vrai que ton âme vit, mon seigneur, je suis cette femme qui me tenais ici près de toi pour prier l’Éternel. 27 C’était pour cet enfant que je priais, et l’Éternel a exaucé la prière que je lui adressais. 28 Aussi je veux le prêter à l’Éternel: il sera toute sa vie prêté à l’Éternel. Et ils se prosternèrent là devant l’Éternel
a 1:1 1 Ch 6:26, 27. b 1:3 Ex 23:14. De 16:16. c 1:8 Ru 4:15. d 1:11 Jg 13:5. e 1:15 Ps 62:9. f 1:24 Lu 2:41.