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IV. — PERSÉCUTION GÉNÉRALE CONTRE L’ÉGLISE DE JÉRUSALEM, DISPERSION DES FIDÈLES. [VIII, 1 — 3.]
Le même jour, une violente persécution éclata contre lÉglise de Jérusalem ; et tous, sauf les apôtres se dispersèrent dans les campagnes de la Judée et de la Samarie. Des hommes pieux ensevelirent Étienne et firent sur lui de grandes lamentations. Et Saul ravageait lÉglise ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait les hommes et les femmes, et les faisait jeter en prison.
Le diacre Philippe annonce l’Évangile aux Samaritains : conversion de Simon le Magicien (viii, 4-13). — S. Pierre et S. Jean en Samarie : le Saint-Esprit donné aux fidèles (14-17) ; condamnation de la simonie (18-24). — Pierre et Jean rentrent à Jérusalem (25). — Philippe baptise un eunuque trésorier de la reine d’Éthiopie (26-40).
Ceux qui étaient dispersés parcouraient le pays annonçant la parole. Philippe*
étant descendu dans une ville de Samarie, y prêcha le Christ. Et les foules étaient attentives à ce que disait Philippe, en apprenant et en voyant les miracles quil faisait. Car les esprits impurs sortaient de beaucoup de démoniaques, en poussant de grands cris ; beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris, et ce fut une grande joie dans cette ville.
Or, il sy trouvait déjà un homme nommé Simon, qui pratiquait la magie, et qui émerveillait le peuple de la Samarie, se donnant pour un grand personnage. 10 Tous, petits et grands, s’étaient attachés à lui. Cet homme, disaient-ils, est la Vertu de Dieu, celle quon appelle la Grande. 11 Ils sétaient donc attachés à lui, parce que, depuis longtemps, il les avait séduits par ses enchantements. 12 Mais quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. 13 Simon lui-même crut, et, sétant fait baptiser, il s’attacha à Philippe, et les miracles et les grands prodiges dont il était témoin le frappaient détonnement.
14 Les Apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. 15 Ceux-ci arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin quils reçussent le Saint-Esprit. 16 Car il nétait encore descendu sur aucun deux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. 17 Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.
18 Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par limposition des mains des Apôtres, il leur offrit de largent, 19 en disant : « Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tout homme à qui jimposerai les mains reçoive le Saint-Esprit. » 20 Mais Pierre lui dit : « Périsse ton argent avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu sacquérait à prix dargent ! 21 Il ny a pour toi absolument aucune part dans cette faveur, car ton cœur nest pas pur devant Dieu. 22 Repens-toi donc de ton iniquité, et prie le Seigneur de te pardonner, sil est possible, la pensée de ton cœur. 23 Car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens du péché. » 24 Simon répondit : « Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin quil ne marrive rien de ce que vous avez dit. »
25 Quant à eux, après avoir rendu témoignage et prêché la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem, en annonçant la bonne nouvelle dans plusieurs villages des Samaritains.
26 Un ange du Seigneur, sadressant à Philippe, lui dit : « Lève-toi, et va du côté du midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; celle qui est déserte. » 27 Il se leva et partit. Et voici quun Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer.§ 28 Il sen retournait, et, assis sur un char, il lisait le prophète Isaïe. 29 LEsprit dit à Philippe : « Avance, et tiens-toi près de ce char. » 30 Philippe accourut, et entendant l’Éthiopien lire le prophète Isaïe, il lui dit : « Comprends-tu bien ce que tu lis ? » 31 Celui-ci répondit : « Comment le pourrais-je, si quelquun ne me guide ? » Et il pria Philippe de monter et de sasseoir avec lui. 32 Or le passage de lÉcriture quil lisait était celui-ci : « Comme une brebis, il a été mené à la boucherie, et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, il na pas ouvert la bouche. 33 Cest dans son humiliation que son jugement s’est consommé. Quant à sa génération, qui la racontera ? Car sa vie a été retranchée de la terre. »* 34 Leunuque dit à Philippe : « Je t’en prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? Est-ce de lui-même ou de quelque autre ? » 35 Alors Philippe ouvrant la bouche, et commençant par ce passage, lui annonça Jésus. 36 Chemin faisant, ils rencontrèrent de leau, et leunuque dit : « Voici de leau : quest-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? »
37 [Philippe répondit : « Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. — Je crois, repartit l’eunuque, que Jésus Christ est le Fils de Dieu. »] 38 Il fit donc arrêter son char, et Philippe, étant descendu avec lui dans leau, le baptisa. 39 Quand ils furent sortis de leau, lEsprit du Seigneur enleva Philippe, et leunuque ne le vit plus, et il continua tout joyeux son chemin. 40 Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, d il alla jusquà Césarée, en évangélisant toutes les villes par il passait.
* 8:5 5. Philippe, le diacre nommé , appelé ailleurs évangéliste (xxi, 8), et différent de l’Apôtre de ce nom. 8:9 9. Le nom de Grande Vertu ou Puissance de Dieu (vers, 10) sous lequel le peuple désignait Simon, s’explique par la doctrine gnostique de l’émanation qu’enseignait Simon et qui, pour combler la distance infinie qui sépare Dieu et le monde, imaginait une série d’Eons ou Puissances, émanant du sombre abîme de la divinité. 8:16 16. Ces mots, « au nom de Jésus » servent à distinguer du baptême de Jean le baptême institué par Jésus et tirant de lui toute sa vertu. Conf. . § 8:27 27. Éthiopien, du royaume de Méroé, sur le cours supérieur du Nil (aujourd’hui Nubie et Abyssinie). — D’après plusieurs auteurs, Candace était un titre commun aux reines d’Éthiopie. * 8:33 33. Isa. liii, 8. 8:37 37. L’authenticité de ce verset a été contestée parce qu’on ne le trouve pas dans quelques manuscrits, p. ex. celui d’Alexandrie et celui du Vatican. Mais il se lisait certainement dans les manuscrits plus anciens qui ont servi à l’auteur de l’Italique, à S. Irénée, à S. Cyprien.