PRÉAMBULE. [I, 1 — 17]
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Adresse et salutation (1-7). Exorde : Amour de S. Paul pour les chrétiens de Rome (8-15). Proposition du sujet : La justice par la foi (16-17).
Paul, serviteur du Christ-Jésus, apôtre par son appel, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu*. Évangile que Dieu avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, touchant son Fils (né de la postérité de David selon la chair, et déclaré Fils de Dieu miraculeusement, selon l’Esprit de sainteté, par une résurrection d’entre les morts), Jésus-Christ Notre-Seigneur, par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat, pour amener en son nom à l’obéissance de la foi tous les Gentils, du nombre desquels vous êtes, vous aussi, par appel de Jésus-Christ, — à tous les bien-aimés de Dieu, les saints appelés par lui, qui sont à Rome : grâce et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !§
Et d’abord je rends grâce à mon Dieu, par Jésus-Christ, au sujet de vous tous, de ce que votre foi est renommée dans le monde entier. Dieu m’en est témoin, ce Dieu que je sers en mon esprit par la prédication de l’Évangile de son Fils, sans cesse je fais mémoire de vous, 10 demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, quelque heureuse occasion de me rendre auprès de vous. 11 Car j’ai un grand désir de vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel, capable de vous affermir, 12 je veux dire, de nous encourager ensemble au milieu de vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi. 13 Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que je me suis souvent proposé d’aller vous voir, — mais j’en ai été empêché jusqu’ici, — afin de recueillir aussi quelques fruits parmi vous, comme parmi les autres nations*. 14 Je me dois aux Grecs et aux Barbares, aux savants et aux ignorants. 15 Ainsi, autant qu’il est en moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l’Évangile, à vous qui êtes à Rome.
16 Car je n’ai pas honte de l’Évangile ; c’est une force divine pour le salut de tout homme qui croit, premièrement du Juif, puis du Grec. 17 En effet, en lui est révélée une justice de Dieu qui vient de la foi et est destinée à la foi, selon qu’il est écrit : « Le juste vivra par la foi. »
PREMIÈRE PARTIE [DOGMATIQUE]. [I, 18 — XI, 36.] DE LA JUSTIFICATION PAR LA FOI.
SECTION 1 [I, 18 — IV, 25.] Nécessité de la justification.
1. Chap. i, 18-32. Les peuples païens : Méconnaissance coupable du vrai Dieu (18-25). Le jugement divin (24-32).
18 En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive ; 19 car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté§. 20 En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, 21 puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. 22 Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; 23 et ils ont échangé la majesté du Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles*.
24 Aussi Dieu les a-t-il livrés, au milieu des convoitises de leurs cœurs, à l’impureté, en sorte qu’ils déshonorent entre eux leurs propres corps, 25 eux qui ont échangé le Dieu véritable pour le mensonge, et qui ont adoré et servi la créature de préférence au Créateur, (lequel est béni éternellement. Amen !) 26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions d’ignominie : leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; 27 de même aussi les hommes, au lieu d’user de la femme selon l’ordre de la nature, ont, dans leurs désirs, brûlé les uns pour les autres, ayant hommes avec hommes un commerce infâme, et recevant, dans une mutuelle dégradation, le juste salaire de leur égarement. 28 Et comme ils ne se sont pas souciés de bien connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens pervers pour faire ce qui ne convient pas, 29 étant remplis de toute espèce d’iniquité, de malice, [de fornication], de cupidité, de méchanceté, pleins d’envie, de pensées homicides, de querelle, de fraude, de malignité, 30 semeurs de faux bruits, calomniateurs, haïs de Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, 31 sans intelligence, sans loyauté, [implacables], sans affection, sans pitié. 32 Et bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les font§.
* 1:1 S. Paul est serviteur de J.-C., dans le sens qu’a ce mot dans Deut. xxxiv, 5 ; Jér. vii, 25 ; Is. iv, 13 sv., c’est-à-dire son ministre, son représentant et son organe. Il est de plus Apôtre, appelé par Jésus-Christ lui-même comme le furent les Douze (I Cor. i, 1 ; Gal. i, 1), instruit par sa révélation immédiate (Gal. i, 12 ; Comp. I Cor. ix, 1 ; xv, 8) et investi par lui de la mission de prêcher son Évangile (Act. xxvi, 16 sv. etc. ; Act. xiii, 2 ; Gal. i, 15.) 1:4 Déclaré (ou démontré) avec puissance : Au lieu de déclaré, il y a dans la Vulgate prédestiné, qui s’explique difficilement, comme s’il y avait προὁρισθέντος. S. Paul veut dire que Jésus, vrai homme, né de la race de David, a été déclaré et manifesté, aux yeux de tous, Fils de Dieu par le miracle de sa résurrection. Le πνεῦμα ἁγιωσύνης n’est pas le ἀγιον πνεῦμα ou l’Esprit-Saint, ni la nature divine, mais désigne l’esprit de sainteté, c’est-à-dire la sainteté exceptionnelle qui était en l’âme de Jésus-Christ et qui a été, d’après S. Paul, la cause morale de sa résurrection (Cf. ). 1:5 Tous les Gentils, les païens : c’était le domaine spécial assigné à son apostolat (Gal. i, 16 ; ii, 2, 8, 9). § 1:7 Saints :Israël, séparé des autres peuples et consacré au Seigneur, reçoit le nom de saint dans l’Ancien Testament ; c’est dans le même sens que les premiers fidèles sont le peuple saint du Nouveau Testament. * 1:13 Voy. xv, 20 sv. 1:16 Au vers. 14, S. Paul, se plaçant au point de vue grec, partageait l’humanité en Grecs et en Barbares ; ici, du point de vue juif ou religieux, il la divise en Juifs et en Grecs. 1:17 Une justice de Dieu, c’est-à-dire une justice venant de Dieu et communiquée à l’homme. C’est une justice qui vient de la foi, a son principe dans la foi ex fide, et est destinée à la foi in fidem, c’est-à-dire est accordée à la foi. La suite de l’Épître explique les caractères de cette justice brièvement résumée en ces deux termes ex fide, in fidem. § 1:19 Ce qui se peut connaître, ce que la raison naturelle nous apprend de son existence et de sa nature. * 1:23 Sag. xiii, 2, 10 ; xiv, 14 sv. 1:25 Doxologie familière aux Orientaux quand ils prononcent le nom de Dieu, surtout s’ils ont à relater quelque chose d’injurieux pour la divinité. 1:31 Implacables, mot ajouté dans quelques manuscrits pour expliquer sans loyauté (littér. infidèles aux traités), et que la Vulg. a traduit absque foedere, qui refuse de se réconcilier, de faire la paix par un traité.Sur les vers. 29-31 comp. Sag. xiv, 22 sv. § 1:32 La Vulgate : Ayant connu la justice de Dieu, ils n’ont pas compris que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais encore ceux qui approuvent ceux qui les font.