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E. — La grande Babylone.
La grande Babylone que soutient la bête aux sept têtes, sera punie de ses abominations par une ruine complète et éternelle, pour le désespoir des mondains, mais aussi pour la gloire de Dieu et le triomphe de l’Église (xvii — xix, 20). 1o Un ange fait voir à S. Jean la grande Babylone montée sur la bête (xvii, 1-6), et, — 2o lui en explique les mystérieuses significations (7-18).
Puis l’un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : « Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée* qui est assise sur les grandes eaux, avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité. » Et il me transporta en esprit dans un désert.
Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, et ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate ; et richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tenait à la main une coupe d’or, remplie d’abominations et des souillures de sa prostitution. Sur son front était un nom, nom mystérieux : « Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre. » Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus ; et, en la voyant, je fus saisi d’un grand étonnement. Et l’ange me dit : « Pourquoi t’étonner ? Moi je vais te dire le mystère§ de la femme et de la bête qui la porte, et qui a les sept têtes et les dix cornes. La bête que tu as vue* était et n’est plus ; elle doit remonter de l’abîme, puis s’en aller à la perdition. Et les habitants de la terre, dont le nom n’est pas écrit dès la fondation du monde dans le livre de la vie, seront étonnés en voyant la bête, parce qu’elle était, qu’elle n’est plus, et qu’elle reparaîtra. — C’est ici qu’il faut un esprit doué de sagesse. — Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : 10 Les cinq premiers sont tombés, l’un subsiste, l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il doit demeurer peu de temps. 11 Et la bête qui était et qui n’est plus, en est elle-même un huitième et elle est des sept, et elle s’en va à la perdition. 12 Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu la royauté, mais qui recevront un pouvoir de roi pour une heure avec la bête. 13 Ceux-ci ont un seul et même dessein, et ils mettent au service de la bête leur puissance et leur autorité. 14 Ils feront la guerre à l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui l’accompagnent sont les appelés, les élus et les fidèles. » 15 Et il me dit : « Les eaux que tu as vues, au lieu où la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues.§ 16 Et les dix cornes que tu as vues sur la bête* haïront elles-mêmes la prostituée ; elles la rendront désolée et nue ; elles mangeront ses chairs et la consumeront par le feu. 17 Car Dieu leur a mis au cœur d’exécuter son dessein, et de donner leur royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. 18 Et la femme que tu as vue, c’est la grande cité qui a la royauté sur les rois de la terre. »
* 17:1 XVII, 1. La grande prostituée qui symbolise une grande cité (v. 18), ne semble pas devoir être regardée ici comme personnifiant la Rome des Césars, ni exclusivement, ni même principalement. Ce n’est pas, croyons-nous, une ville particulière, c’est la société antichrétienne, la cité des hommes, opposée à la cité de Dieu, à la société chrétienne. 17:4 4. Abomination a toujours dans l’Écriture le sens d’idolâtrie, avec les souillures morales qu’entraîne le culte des idoles. 17:5 5. Nom mystérieux (litt. mystère), qu’il ne faut pas prendre à la lettre, mais interpréter symboliquement. § 17:7 7. Le mystère : le sens symbolique de la femme (v. 15) et surtout de la bête (v. 8-17), sur la signification de laquelle le chap, xiii n’avait donné aucune explication. * 17:8 8. La bête que tu as vue, ici et déjà auparavant (chap. xiii). — L’abîme, dans l’Apocalypse, est le séjour, non des morts, mais des démons Voy. ix, 1 ; xx, 1. — Qu’elle reparaîtra : ces mots manquent dans la Vulgate. 17:9 9. Sept rois : c’est-à-dire sept empires, d’après l’analogie de notre prophétie avec celle de Daniel, où les têtes, représentant des empires, sont cependant aussi appelées des rois (Dan. vii, 17). 17:12 12. Les dix cornes (couronnées, xiii, 1) sont dix rois, c.‑à-d. dix royaumes (cf. v. 9). — Pour une heure : pour un temps relativement court ; ou peut-être pour une même heure (μίαν ὥραν) pendant une même période historique. — La leçon de la Vulgate : après la bête, peut se ramener au même sens, si l’on traduit : à la suite de la bête. Notons encore que ces mots, comme on le voit dans S. Hippolyte, pourraient, sans beaucoup modifier le sens, être rattachés au verset suivant : Avec la bête, ils ont un même dessein. § 17:15 15. Les versets suivants, sous forme d’appendice, pourraient contenir une prophétie spéciale de la ruine de Rome par les nations barbares. — Peuples, foules, etc. Comp. viii, 8. * 17:16 16. Sur la bête : d’après une autre leçon, et la bête.