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Elle fit réussir leurs œuvres par la main d’un saint prophète. Ils firent route à travers un désert inhabité, et dressèrent leurs tentes dans des régions sans chemin. Ils résistèrent à leurs ennemis, et tirèrent vengeance de leurs adversaires*. Ils éprouvèrent la soif et vous invoquèrent, et l’eau leur fut donnée d’un rocher escarpé, et d’une pierre, l’apaisement de leur soif.
3. Chap, xi, 5 — xii, 2 : Châtiment juste, mais mitigé, des Égyptiens. — Les Égyptiens doublement punis de la mort des enfants israélites par le contraste entre la manière dont Dieu avait provoqué leur soif et la façon dont il avait calmé celle de ses serviteurs (xi, 5-14). Châtiment approprié de l’idolâtrie par l’invasion des animaux qu’ils adoraient (xi, 15-203). La souveraine puissance tempérée, dans le châtiment, par la miséricorde (xi, 20b-xii, 2).
Ce qui avait fait le châtiment de leurs ennemis devint pour eux une bénédiction dans leur détresse. En effet, tandis que les eaux d’un fleuve intarissable étaient troublées par un sang impur, en punition du décret qui frappait de mort les enfants, vous donniez à vos fidèles, contre tout espoir, une eau abondante, leur montrant ainsi, par la soif qu’ils ressentirent alors, de quel châtiment vous frappiez vos adversaires. Après cette épreuve, quoique punis avec miséricorde, ils surent comment étaient tourmentés les impies jugés dans la colère. 10 Vous avez éprouvé les uns comme un père qui avertit, et vous avez châtié les autres comme un roi sévère qui condamne. 11 Absents ou présents§, ils furent également tourmentés. 12 Un double chagrin les saisit, et ils gémissaient au souvenir de ce qui était arrivé. 13 Car en apprenant que leurs propres tourments tournaient à l’avantage des fugitifs, ils reconnurent la main du Seigneur. 14 Celui qu’ils avaient autrefois exposé et rejeté avec mépris, ils l’admirèrent à la fin des événements, lorsqu’ils eurent souffert une soif bien différente de celle des justes.
15 En punition des pensées extravagantes de leur perversité, qui les égaraient et leur faisaient adorer des reptiles sans raison et de vils animaux, tu leur envoyas en châtiment une multitude de bêtes stupides : 16 pour leur apprendre que l’on est puni par où l’on a péché. 17 Il n’était pas difficile à ta main toute-puissante, qui a fait le monde d’une matière informe*, d’envoyer contre eux une multitude d’ours ou de lions féroces, 18 ou des bêtes nouvellement créées, pleines de fureur et inconnues, respirant une vapeur enflammée, exhalant une fumée infecte, ou lançant par les yeux de terribles éclairs, 19 capables, non seulement de donner la mort par une blessure, mais de foudroyer de peur par leur seul aspect. 20 Et, sans cela même, ils pouvaient périr par un simple souffle, poursuivis par la justice, et dispersés par le souffle de ta puissance.
Mais tu as tout réglé avec mesure, avec nombre et avec poids. 21 Car la souveraine puissance est toujours à tes ordres, et qui donc résisterait à la force de ton bras ? 22 Le monde entier est devant vous comme l’atome qui fait pencher la balance, comme la goutte de rosée matinale qui tombe sur la terre. 23 Mais, parce que tu peux tout, tu as pitié de tous, et tu fermes les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se repentent. 24 Car tu aimes toutes les créatures, et tu ne haïs rien de ce que tu as fait ; si tu avais haï une chose, tu ne l’aurais pas faite. 25 Et comment un être subsisterait-il, si tu ne le voulais, se conserverait-il, si tu ne l’avais appelé à l’existence ? 26 Mais tu pardonnes à tous, parce que tout est à toi, Seigneur, qui aimes les âmes.
* 11:3 Allusion aux différents combats des Hébreux contre les Amalécites (Exo 17:8), contre les Chananéens et leur roi Arad (Nom 21:1), contre les Amorrhéens (Nom 21:21), etc. 11:4 Voir Exo 17:4-6 ; Nom 20:8-11. Les versets suiv. établissent un parallèle entre le miracle qui fit jaillir l’eau du rocher en faveur des Israélites, et celui qui avait changé en sang les eaux du Nil pour punir les Egyptiens : le premier fut un bienfait pour les Hébreux, le second un châtiment pour les Égyptiens. 11:7 D’un décret qui ordonnait de noyer dans le fleuve les enfants mâles des Hébreux (Ex 1:15-18.22). § 11:11 Absents ou présents. Ces mots paraissent se rapporter aux Égyptiens considérés par rapport aux Israélites : absents du milieu des Israélites, alors que ceux-ci avaient passé la mer Rouge, mais auparavant présents au milieu de ces mêmes Israélites. Termes obscurs, susceptibles de plusieurs interprétations. * 11:17 Matière informe : la Genèse nous montre au commencement les éléments à l’état de tohu vâbôhu, c.-à-d. de confusion, en attendant que la main de Dieu y mette de l’ordre et en façonne le monde actuel et tous les êtres qui l’habitent. 11:26 Qui aimes les âmes, litt. ami de la vie.