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5. Chap. xi : Conclusion. — a) Jésus est donc le Messie, puisqu’il en fait les œuvres, et Jean-Baptiste, tout grand qu’il est, n’a été que le précurseur du Royaume de Dieu (1-15). — b) Reproches et menaces aux cœurs endurcis (16-24). — c) Bonheur des humbles qui répondent à l’appel de Jésus (25-30).
(11,1-12,50)
Quand Jésus eut achevé de donner ses instructions à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes.
(Luc 7,18-23)
Jean, dans sa prison*, ayant entendu parler des œuvres du Christ, envoya deux de ses disciples lui dire : « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez, rapportez à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! »
(Luc 7,24-28) Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean à la foule : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu’êtes-vous donc aller voir ? Un homme vêtu d’habits somptueux ? Mais ceux qui portent des habits somptueux se trouvent dans les maisons des rois. Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. 10 Car c’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager devant vous, pour vous précéder et vous préparer la voie. 11 En vérité, je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a pas paru§ de plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 12 Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s’en emparent. 13 Car tous les Prophètes et la Loi ont prophétisé jusqu’à Jean. 14 Et si vous voulez le comprendre, lui-même est Élie qui doit venir.* 15 Que celui qui a des oreilles entende ! »
(Luc 7,31-35)
16 « À qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à des enfants assis dans la place publique, et qui crient à leurs compagnons : 17 Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous avons chanté une lamentation, et vous n’avez pas frappé votre poitrine. 18 Jean est venu ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il est possédé du démon ; 19 le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : C’est un homme de bonne chère et un buveur de vin, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la Sagesse a été justifiée par ses enfants. »
(10,15; Luc 10,12-15)
20 Alors Jésus se mit à reprocher aux villes où il avait opéré le plus grand nombre de ses miracles, de n’avoir pas fait pénitence. 21 « Malheur à toi, Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence sous le cilice et la cendre. 22 Oui, je vous le dis, il y aura, au jour du jugement, moins de rigueur pour Tyr et pour Sidon, que pour vous. 23 Et toi, Capharnaüm, qui t’élèves jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers ; car si les miracles qui ont été faits dans tes murs, avaient été faits dans Sodome, elle serait restée debout jusqu’à ce jour. 24 Oui, je te le dis, il y aura, au jour du jugement, moins de rigueur pour le pays de Sodome que pour toi. »
(Luc 10,21-22)
25 En ce même temps, Jésus dit encore : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les as révélées aux petits.§ 26 Oui, Père, je te bénis de ce qu’il t’a plu ainsi. 27 Toutes choses m’ont été données par mon Père ; personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler. 28 Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. 29 Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons*, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. 30 Car mon joug est doux et mon fardeau léger. »
* 11:2 XI, 2. Dans sa prison : voy. iv, 12 ; xix, 1 sv. Cf. Luc, vii, 18-35. 11:5 5. C’est sous ces traits que Isaïe décrit la venue du Messie (Is. xxxv, 5 ; lxi, 1-5). 11:10 10. Ἄγγελόν, d’où est venu notre mot ange, a le sens de messager, hérault. § 11:11 11. Il n’en a pas paru, litt. il n’en a pas été suscité de plus grand. Entre tous les hommes (juges, rois, prophètes) que Dieu avait jusqu’alors suscités, c’est-à-dire investis d’une mission providentielle, aucun n’avait été élevé à une fonction aussi haute que Jean-Baptiste. — Placé sur la limite des deux Testaments, Jean-Baptiste appartient et à l’ancienne loi comme précurseur du Messie, et à la nouvelle, comme disciple de Jésus-Christ. Mais on le considère ici uniquement comme précurseur ; et sous ce rapport (qui fait abstraction de sa sainteté personnelle) quoique aucun des saints personnages de l’Ancien Testament ne soit plus grand que lui, il est inférieur en dignité au plus petit des disciples de Jésus, tant la religion chrétienne l’emporte sur la religion mosaïque. * 11:14 14. Voy. Luc, xvi, 16. Les meilleurs manuscrits grecs n’ont pas ici (comme dans Marc et Luc) ἀκούειν, audiendi. 11:21 21. Corozaïn, en grec et en syriaque : Corazin, ville de Galilée, sur le lac de Tibériade, non loin de Capharnaüm. 11:23 23. Les enfers, le Schéol des Hébreux, le Hadès des Grecs, c’est-à-dire le séjour des morts en général, que l’on se représentait comme une sombre région, située dans les profondeurs de la terre. Isa 14,13-15 § 11:25 25. Cf. Luc, 21-22 et Jean, vi, 46 ; vii, 28 ; viii, 19 et x, 15. * 11:29 29. Recevez mes leçons, devenez mes disciples. D’autres : Et apprenez de moi que je suis doux, etc. Le premier sens est mieux en rapport avec le contexte, car Jésus expose ici non l’objet de son enseignement, mais les motifs qui doivent nous engager à devenir ses disciples.