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2. Chap. vi. — Deuxième fruit de la justification. Le chrétien est affranchi de la servitude du péché : inséré en Jésus-Christ par le Baptême, il est mort au péché et ressuscité à une vie nouvelle (1-11) ; il ne doit donc plus obéir au péché (12-14). Devenu esclave de la justice il est tenu désormais de vivre saintement (15-23).
Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ?* Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection : sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché§ ; car celui qui est mort est affranchi du péché.
Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, sachant que le Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire. 10 Car sa mort fut une mort au péché une fois pour toutes, et sa vie est une vie pour Dieu*. 11 Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ [Notre-Seigneur].
12 Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel, de sorte que vous obéissiez à ses convoitises. 13 Ne livrez pas vos membres au péché pour être des instruments d’iniquité, mais offrez-vous vous-mêmes à Dieu comme étant vivants, de morts que vous étiez, et offrez-lui vos membres pour être des instruments de justice. 14 Car le péché n’aura pas d’empire sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce.
15 Quoi donc ! Pécherons-nous, parce que nous ne sommes pas sous la Loi mais sous la grâce ? 16 Loin de là ! Ne savez-vous pas que, si vous vous livrez à quelqu’un comme esclaves pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance à Dieu pour la justice ? 17 Mais grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été les esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été enseignée. 18 Ainsi, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice. — 19 Je parle à la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre chair. — De même que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’impureté et à l’injustice, pour arriver à l’injustice, de même livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. 20 Car, lorsque vous étiez les esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. 21 Quel fruit aviez-vous alors des choses dont vous rougissez aujourd’hui ? Car la fin de ces choses, c’est la mort. 22 Mais maintenant, affranchis du péché et devenus les esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté, et pour fin la vie éternelle. 23 Car le salaire du péché c’est la mort ; mais le don de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus-Christ Notre-Seigneur§.
* 6:2 Mourir ou vivre à quelqu’un ou à quelque chose sont des expressions familières à S. Paul ; elles signifient : rompre ou entretenir un commerce, des relations assidues avec cette personne ou cette chose. Comp. I Pier. ii, 24. 6:3 Dans les premiers siècles, le baptême se conférait par immersion ; le catéchumène était entièrement plongé dans l’eau, d’où il sortait aussitôt. Paul ne voit pas seulement dans ce double rite un symbole extérieur de la mort (suivie de la sépulture) et de la résurrection (sortie du sépulcre) de J.-C. ; il y attache une signification plus intime : l’immersion, c’est la mort au péché, c’est le vieil homme, l’homme selon la nature, qui disparaît sous les eaux et s’ensevelit comme dans un sépulcre ; l’émersion, c’est la naissance de l’homme nouveau, de l’homme régénéré par l’Esprit-Saint.En J.-C., (in Christum et non in Christo, comme traduit la Vulg.), insérés en J.-C. devenus ainsi ses membres et vivant de sa vie. Comp. Jean, xv, 1 sv. 6:5 Greffés ; c’est la signification littérale du grec σύμφυτοι. D’autres : dans notre union intime avec lui. Vulgate : Si nous sommes devenus une même plante avec lui pour la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par la ressemblance de sa résurrection. § 6:6 Le vieil homme désigne dans S. Paul l’homme naturel, tel qu’il naît et vit moralement, avant d’être régénéré en J.-C. (Jean, iii, 3 ; Tit. iii, 5). — Le corps du péché, la nature déchue, prise dans son ensemble, siège de la concupiscence. Comp. Gal. v, 24. Ailleurs, S. Paul dit : Le corps de la chair (Col. ii, 11), ou simplement la chair. * 6:10 Dans la Vulgate, la virgule devrait être avant, non après peccato. 6:11 En J.-C., étant incorporés à J.-C., qui par sa grâce a fait de vous une créature nouvelle (II Cor. v, 17) et vit lui-même en vous (Gal. ii, 20). 6:21 Tischendorf ponctue autrement : Quel fruit aviez-vous alors ? (un fruit tel que) vous en rougissez maintenant. § 6:23 Le salaire strictement dû (grec τὰ ὀψώνια, la solde) que le péché, maître cruel, donne à ses sujets.