5
SECTION 2 [V, 1 — VIII, 39.] Excellence et efficacité de la justice par la foi.
1. Chap. v. — Premier fruit de la justification : la réconciliation avec Dieu et l’assurance du ciel (1-5) Amour de Dieu prouvé par le don qu’il nous a fait de Jésus-Christ (6-11). Parallèle entre Jésus-Christ, auteur de notre salut, et Adam, auteur de notre ruine (12-21).
Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ*, à qui nous devons d’avoir eu accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous demeurons fermes, et de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la constance, la constance une vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance. Or, l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.
Car, lorsque nous étions encore impuissants, le Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. C’est à peine si l’on meurt pour un juste, et peut-être quelqu’un saurait-il mourir pour un homme de bien. Mais Dieu montre son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, [ou temps marqué] Jésus-Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés dans son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. 10 Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. 11 Bien plus, nous nous glorifions même en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation.
12 Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort… Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché§. 13 Car jusqu’à la Loi le péché était dans le monde ; or le péché n’est pas imputé lorsqu’il n’y a pas de loi*. 14 Cependant la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché, par une transgression semblable à celle d’Adam, lequel est la figure de celui qui devait venir.
15 Mais il n’en est pas du don gratuit comme de la faute ; car si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes. 16 Et il n’en est pas du don comme des suites du péché d’un seul ; car le jugement a été porté à cause d’une seule faute pour la condamnation, tandis que le don amène la justification de beaucoup de fautes. 17 En effet, si, par la faute d’un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ.
18 Ainsi donc, comme par la faute d’un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d’un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie. 19 De même en effet, que par la désobéissance d’un seul homme, tous ont été constitués pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul tous seront constitués justes. 20 La loi est intervenue pour faire abonder la faute ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé§, 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par
* 5:1 Nous avons. Vulg. ayons. 5:2 D’avoir eu. Vulg. d’avoir accès : allusion à l’office de grand prêtre rempli par N.-S. (Hébr. x, 29). 5:10 Suit (vers. 12-21) un parallèle entre J.-C. et Adam : de même qu’Adam a été le représentant de l’humanité pour sa perte, ainsi le Christ est le représentant de l’humanité pour son salut, la source inépuisable de la grâce et de la justice. § 5:12 S. Paul, pressé de prouver ce qu’il vient d’avancer, oublie qu’il a commencé une comparaison et n’achève pas sa phrase ou plutôt il poursuit son raisonnement et il reprend sa phrase et l’achève au vers. 18. Au vers. 12 le second membre de la comparaison amenait ceci : de même par un seul homme, Jésus-Christ, la justice est entrée dans le monde et par la justice la vie. — Le péché personnifié, (è amartia avec l’art.) considéré comme une puissance qui règne et domine dans le monde (vers. 21 ; vi, 12, 14 ; vii, 8, 9, 17), — Parce que tous ont péché, en et avec ce seul homme, Adam, le représentant de l’humanité. Vulgate, en qui (dans ce seul homme) tous ont péché : Elle énonce explicitement ce que le grec ne dit qu’implicitement et indirectement. On pourrait même la ramener au grec, en traduisant in quo dans le sens de in eo quod, quatenus, en fr. sur ce que, parce que. * 5:13 La mort pour S. Paul est la peine de la transgression d’une loi positive. Cependant il n’y a pas eu de loi positive d’Adam à Moïse, et cependant la mort régnait. Elle était donc l’effet du premier péché. 5:15 15. (et au vers. 19) tous les hommes, en gr. οι πολλοι, la multitude des enfants d’Adam. La Vulg. traduit multi, beaucoup. L’Apôtre met en opposition un et la multitude, la masse, le genre humain, comme un seul et tous. 5:16 16. Par un seul qui a péché ; Vulg., par un seul péché ; même sens au fond. § 5:20 Intervenue, entre Adam et J.-C. D’autres, est venue en outre (gr. παρεισῆλθεν), à côté du péché qui était déjà entré εισῆλθεν) : comp. v. 12. — Vulgate, est venue comme à la dérobée, sens qui ne va guère ici. Comp. Gal. ii, 4. — Pour faire abonder la faute : l’effet immédiat de la Loi fut d’augmenter le nombre des offenses, soit en faisant connaître et souvent désirer le péché à ceux qui l’ignoraient, soit même en multipliant par ses préceptes positifs, les occasions de chute et par suite les actes défendus. Ainsi en faisant sentir à l’homme sa misère elle eut pour effet, en fait et dans l’intention divine, de lui faire désirer le Sauveur ; elle fut par là un pédagogue conduisant à J.-C. Voy. Gal. iii, 19 sv.