10
Car je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous traversé la mer,* et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ; qu’ils ont tous mangé le même aliment spirituel, et qu’ils ont tous bu le même breuvage spirituel,§ car ils buvaient à un rocher spirituel qui les accompagnait, et ce rocher était le Christ. Cependant ce n’est pas dans la plupart d’entre eux que Dieu trouva son plaisir, puisque leurs corps jonchèrent le désert. Or ces choses ont été des figures de ce qui nous concerne, afin que nous n’ayons pas de désirs coupables, comme ils en ont eu,* et que vous ne deveniez pas idolâtres, comme quelques-uns d’entre eux, selon qu’il est écrit : « Le peuple s’assit pour manger et pour boire ; puis il se leva pour se divertir. » Ne nous livrons pas à l’impudicité, comme quelques-uns d’entre eux s’y livrèrent ; et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. Ne tentons pas le Christ, comme le tentèrent quelques-uns d’entre eux, qui périrent par les serpents. 10 Ne murmurez pas comme murmurèrent quelques-uns d’entre eux, qui périrent sous les coups de l’Exterminateur.§ 11 Toutes* ces choses leur sont arrivées en figure, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes arrivés à la fin des temps.
12 Ainsi donc que celui qui croit être debout prenne garde de tomber. 13 Aucune tentation ne vous est survenue, qui n’ait été humaine ; et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces ; mais, avec la tentation, il ménagera aussi une heureuse issue en vous donnant le pouvoir de la supporter.
3. Chap. x, 14 — xi, 1 : Solution pratique. — Ne prendre aucune part aux repas sacrés : c’est se mettre en communion avec les démons (14-22). Règle de conduite à tenir dans les repas ordinaires : on ne peut manger des viandes sacrifiées que s’il n’y a aucun danger de scandale (23 — xi, 1).
14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. 15 Je vous parle comme à des hommes intelligents ; jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16 Le calice§ de bénédiction, que nous bénissons, n’est-il pas une communion au sang du Christ ? Et le pain, que nous rompons, n’est-il pas une communion au corps du Christ ? 17 Puisqu’il y a un seul pain, nous formons un seul corps, tout en étant plusieurs ; car nous participons tous à un même pain. 18 Voyez Israël selon la chair : ceux qui mangent les victimes ne participent-ils pas à l’autel ? 19 Qu’est-ce à dire ? Que la viande sacrifiée aux idoles soit quelque chose, ou qu’une idole soit quelque chose ? 20 Nullement ; je dis que ce que les païens offrent en sacrifice, ils l’immolent à des démons, et non à Dieu ; or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. 21 Vous ne pouvez boire à la fois au calice du Seigneur et au calice des démons ; vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et à la table des démons. 22 Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ? 23 Tout est permis, mais tout n’est pas expédient ; tout est permis, mais tout n’édifie pas. 24 Que personne ne cherche son propre avantage, mais celui d’autrui. 25 Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans faire aucune question* par motif de conscience ; 26 car « la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme. » 27 Si un infidèle vous invite et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce qu’on vous présentera, sans faire aucune question par motif de conscience. 28 Mais si quelqu’un vous dit : Ceci a été offert en sacrifice [aux idoles], n’en mangez pas, à cause de celui qui vous a donné ce renseignement et à cause de la conscience. 29 Je dis la conscience, non pas la vôtre, mais celle d’autrui. Pourquoi en effet ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? 30 Si je mange avec action de grâces, pourquoi serais-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ? 31 Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. 32 Ne soyez en scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Église de Dieu. 33 C’est ainsi que moi-même je m’efforce en toutes choses de complaire à tous, ne cherchant pas mon propre avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu’ils soient sauvés.
* 10:1 X, 1. Car relie ce chapitre aux deux précédents. Après avoir traité (ch. viii) des rapports des chrétiens avec les idolâtres, relativement aux viandes offertes sur les autels du paganisme, et montré (ch. ix), par divers traits de sa propre conduite, qu’il faut savoir renoncer à ses droits, afin d’éviter une liberté charnelle qui conduit au péché, — il emprunte à l’histoire d’Israël et propose ici (ch. x) d’effrayants exemples des péchés auxquels ce peuple fut entraîné par cette fausse liberté. — Sous la nuée : allusion à la nuée miraculeuse qui les guidait (Ex. xiii, 21), et les couvrait (Ps. cv (104), 39 ; Sag. x, 17 ; xix, 7). Sens : sous la garde et la conduite de Yahweh. 10:2 2. Baptisés en Moïse, liés, engagés par la confiance et l’obéissance envers Moïse, médiateur entre Dieu et le peuple pour la première alliance, et cela en vertu d’une sorte de baptême dans la nuée et dans la mer. 10:3 3. Le même aliment, la manne (Ex. xvi, 15) spirituel, parce qu’il était le résultat d’un miracle (Ps. lxxviii (77), 124 ; cv (104), 40 ; Sag. xvi, 20), et surtout parce qu’il figurait une manne supérieure, la sainte Eucharistie (Jean, vi, 48 sv.). § 10:4 4. Breuvage spirituel : allusion à l’eau que Dieu fit jaillir du rocher, la première année du voyage dans le désert, à Raphidim (Exod. xvii, 6), et la dernière, dans le désert de Sin (). — Spirituel : à cause de son origine miraculeuse. — Le rocher spirituel qui les accompagnait, ce n’est pas la pierre matérielle dont Moïse fit jaillir une source d’eau ; c’était J.-C., Verbe éternel, conducteur et protecteur du peuple élu dans sa marche vers la terre promise. En effet, dans la narration mosaïque c’est Yahweh qui se tient sur le rocher (Exod. xvii, 6) ; c’est à lui, et non pas à la pierre matérielle que Moïse doit parler (Nombr. xx, 8) ; c’est lui qui fait sourdre les eaux miraculeuses. * 10:6 6. Voy. Nombr. xi, 4 sv. 10:7 7. Ex. xxxii, 6. 10:8 8. Vingt-trois mille : il est dit vingt-quatre mille, Nombr. xxv, 1-9 : peut-être faute de copiste. § 10:10 10. Ex. xv, 24 ; xvii, 3 ; Nombr. xi, 4 sv. 33 ; xvi, 25 sv., 41 sv. * 10:11 11. Toutes manque dans beaucoup de manuscrits. 10:12 12. Conclusion de tout ce qui précède. 10:13 13. Appréhendât dans la Vulgate est probablement une faute ; les anciens manuscrits de cette version, la plupart des Pères et le missel romain ont apprehendit. — Humaine, en rapport avec les forces de l’homme, soutenu par les secours ordinaires de la grâce. — D’en sortir victorieusement. Vulgate, le moyen d’en tirer avantage, un profit provendum au lieu de exitum. § 10:16 16. Le calice, la coupe eucharistique (Matth. xxvi, 27 ; Marc, xiv, 23). — Le pain céleste de l’eucharistie (Luc, xxii, 19 ; comp. Act. ii, 46). * 10:25 25. Aucune question : sans demander si telle viande, mise en vente, n’a pas fait, partie d’une victime offerte en sacrifice. 10:26 26. Citation du Ps. xxiv (23), 1. Comp. I Tim. iv, 4. 10:28 28. Si quelqu’un des convives, probablement, dans la pensée de l’Apôtre, un chrétien de conscience faible (viii, 7 sv.).